Hey salut! Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas assise devant mon clavier pour écrire cette newsletter. Entre l’arrivée en France, le décalage horaire et les fêtes en famille, je n’étais clairement pas dans une phase ou j’ai eu envie d’introspection et de réflexion.
J’ai profité de mes proches, j’ai redécouvert mon pays, où plutôt la campagne et les petits villages autour de chez mes parents (à l’heure où je vous parle, je repars dans deux semaines et je n’ai pas encore mis un pied en ville), j’ai observé chaque levé de soleil, même si parfois c’était depuis le fond de mon lit, et plus généralement j’ai admiré.
Admirer, m’émerveiller, contempler mais de manière entière, en engageant mon être et mes sens est une “pratique”, je dirais même un acte de rébellion qui est devenu le socle, la base sur laquelle j’ai reconstruit ce que je considère être, pour moi, un système de croyance sain, en constante évolution, inclusif et qui, le plus important, me rend heureuse. Comme je dis toujours, je ne suis pas heureuse toute la journée, mais un peu tous les jours :)
Aujourd’hui, j’ai passé la journée à me balader avec ma maman. On est allées au marché, et je me suis émerveillée. Il y’a avait toutes ces couleurs, ces formes, la texture des murs en pierre et en chaux des vieux villages de campagne, ce vent frais et piquant du Sud Ouest que je n’avais pas senti sur mes joues depuis des années. Ça riait, ça criait aux poireaux à 1,50€, ça s’achetait des douceurs pour patienter jusqu’au repas de midi, et puis il y avait lui. Ce vieux monsieur qui jouait de sa boite à musique et qui m’a fait sourire de toutes mes dents. Juste parce qu’il était là, présent et que je l’étais aussi.
Et puis après, on s’est baladées dans un petit village d’artisans ou la beauté se croise à chaque coin de rue, à chaque moulure, à chaque butoir de porte sculpté, a chaque petite plante poussant dans les interstices entre les pierres centenaires… Presque tout était fermé, il n’y avait personne dans les rues et pour la première fois depuis longtemps, j’ai sorti mon appareil photo pour immortaliser ces natures pas si mortes.
Et puis ça m’a frappé. Je me suis rendue compte que dans mes moments les plus sombres, j’avais oublié mon appareil dans un sac, je ne sortais plus pour immortaliser la beauté. Car au fond, c’est ça que je fais, immortaliser la beauté du monde et des gens qui nous entourent et, peut être, réveiller en nous (en moi) ce sentiment que nous en faisons partie nous aussi, que si ça nous émeut c’est qu’il y’a un écho.
Je vous avais dit sur Instagram que dans les dernières newsletters je me focalisais beaucoup sur le fait de dénoncer certaines dérives spirituelles et vous expliquer de quoi je me suis sortie, et je pense que c’est important. Mais ces dernières semaines j’ai réalisé que même si dénoncer est nécessaire, construire c’est mieux. Et puis le nouvel an y est sûrement pour quelque chose… Même si je ne ressens jamais vraiment ce besoin de nouveau cycle à ce moment de l’année (encore plus ici, alors que nous sommes encore en plein milieu de l’hiver), j’avoue que j’avais envie de commencer l’année ici sur une note positive, avec une ode à ce en quoi je crois vraiment.
Savoir de quoi j’allais parler était une autre paire de manche, car je crois en BEAUCOUP de choses (souvenez vous, je suis une éternelle utopiste, née optimiste). Mais après cet après midi là, j’ai pu observer que l’art d’admirer est le socle, la fondation pour tout le reste de mes pratiques et de mes croyances. C’était de ça qu’on allait parler.
Il y’a quelques semaines, dans le cadre d’un groupe d’étude on nous à donné le thème Delicate Activism. En plongeant dans les resources qu’on nous a donné j’ai découvert que cette forme d’activisme est intrinsèquement liée avec cette pratique d’observation que j’avais commencé naturellement il y’a quelques mois. C’est absolument fascinant et j’emprunte ici certains concepts qui y sont liés pour enrichir mes explications. Bien sûr les sources se trouvent toujours à la fin des essais :)
Paranthèse fermée.
Il y’a cette citation bien connue de Gandhi “sois le changement que tu veux voir dans le monde”. On la lis, on l’entend partout et je reconnais le pouvoir de l’action mais j’ai envie ici de proposer une autre approche…
Vois le changement que tu veux voir dans le monde.
Je suis convaincue que la première étape avant l’action c’est l’émerveillement. C’est ce qui donne à nos actions une base solide et une source inépuisable d’énergie pour les moments où la bataille semble perdue ou quand on perd de vue ce pourquoi même on à commencé à agir pour ce qui nous tiens à coeur. Il faut saisir la valeur, il faut apprécier pour avoir envie de s’engager.
Avant de pouvoir incarner le changement que l’on veut voir si désespéremment, il faut y voir une capacité, une potentialité. Il y’a l’imagination, la contemplation et puis l’émerveillement.
La plupart du temps, nous ne voyons pas les choses pour ce qu’elles sont, mais la signification que nous leur donnons. Nous teintons la réalité avec des verres de couleurs, et les nuances sont aussi nombreuses qu’il existe d’êtres humains. Nous vivons dans un monde de perspective, et nous lui donnons le sens que nous voyons. Table, écharpe, personne, plante ou montagne… chacune de ces “choses” signifie quelque chose de différent pour nous, évoque des souvenirs, des sensations… Nous voyons le monde, ce qu’il contient et le sens que nous en faisons, pourtant la seule chose que nous oublions d’observer et de questionner est notre propre manière de voir les choses.
“Inside and outside are inseparable. The world is wholly inside and I am wholly outside myself”. Merleau - Ponty
Une pratique très intéressante que j’ai apprise de ma professeure d’astrologie somatique durant la saison du Gémeaux : observer, regarder quelque chose comme si c’était la première fois que je le voyais. On observe sa forme, son odeur, sa texture, on essaie de lui trouver une utilité, aucune barrière ici. On commence alors à réaliser ce que veut dire “reconnaître ce que l’on voit”. On comprend le rôle de l’imagination et de la pensée dans notre perception.
Nous sommes des êtres de perspectives, nous avons notre propre vision des choses qui nous entourent. Le monde ne nous est pas donné, nous participons à son émergence. Et ça, ça change tout. Le subjectif et l’objectif se mêlent alors qu’on réalise qu’on participe dans ce qui est vu.
Pour faire simple : toutes les choses que nous percevons sont en fait une conversation. Cette qualité relationnelle du monde semble si évidente quand on regarde autour de nous. Pourtant, c’est quelque chose que j’avais enfoui au cours de toutes ces années dans le développement personnel puis la sphère New Age, quelque chose pourtant pas tout à fait oublié, comme une sensation qui revenait gratter doucement contre mon coeur quand quelque chose que je lisais ou qui m’étais enseigné ne semblait pas tout à fait juste pour moi.
La magie ne réside pas dans une méthode, une liste de manifestation ou nos cartes de tarot (même si ce sont des choses qui peuvent aider) mais dans la qualité de la conversation avec ce qui nous entoure, notre capacité à nous y engager et l’espace que nous créons pour cela. C’est de la magie ordinaire qui se retrouve dans la qualité de nos interactions quotidiennes avec les autres êtres vivants mais aussi au delà. Je suis convaincue que c’est la qualité de ces conversations qui pourra préserver nos communautés, notre spiritualité et nos écosystèmes.
Si l’activisme se définit par un système de conduite qui privilégie l'action directe, plutôt que de concentrer nos efforts pour “faire les chose différemment”, pourquoi ne pas unir nos forces pour trouver une manière “différente de vivre ensembles” ?
Engager la conversation, écouter de manière attentive et avec respect quelqu’un ou notre environnement, la nature, nous emmène toujours à remarquer de nouvelles choses. Faites l’expérience, aller vous asseoir tous les jours au même endroit en foret, dans votre jardin ou à votre rebord de fenêtre et je peux vous assurer que chaque jour vous y verrez quelque chose de nouveau qui n’avait pas attiré votre attention la veille. Dédier mon attention à vraiment observer m’emmène toujours à m’émerveiller, à prendre conscience de la nature changeante de la vie et de son interconnexion. Pas parce que j’ai trouvé la pratique parfaite mais parce que j’ai l’intention profonde d’entretenir une relation avec ce qui m’entoure.
C’est la chose la plus simple et la plus difficile à faire en même temps car il n’y a personne pour nous prendre par la main et nous donner la recette parfaite, et il n’y a pas de miracle ou de raccourcis. Mais c’est ça s’émerveiller. Pas besoin d’être dans un endroit paradisiaque, de vivre des choses extraordinaires ou d’investir dans ce coaching hors de prix. L’extraordinaire est déjà là, seulement si on s’autorise à le voir.
Pour quelqu’un qui observe, qui admire et s’émerveille il n’y a ni dogme ni adversaire. On passe de réaction à reconnection. Le monde se construit à travers nous et nous, nous grandissons à travers lui. Peut être est que c’est ça la vraie définition de l’empathie…
Quand on déconstruit des croyances toxiques, qu’on démentèle des schémas mentaux imprimés profondément dans nos matières grises et que notre intuition n’est plus la boussole fiable qu’on connaissait, il est important de se souvenir de ce en quoi l’on croit, de trouver un ancrage en construisant une pratique, une philosophie qui soutiens la Vie au sens large.
Pendant tout ces mois à questionner mes croyances, à me retrouver sans repères il y’a une chose qui ne m’a jamais abandonnée et m’a plus apporté que toutes ces années de “travail sur moi” : ce qui m’entoure. J’étais tellement focalisée sur ma petite personne que j’en ai oublié qu’en dehors de la prison dorée de tous mes efforts se trouve la plus belle des médecine.
En laissant tomber tout ce en quoi je croyais (ou presque), en arrêtant de pratiquer, ma qualité d’écoute et d’observation s’est développée et la connexion que je ressens au monde plus qu’humain à grandi avec elle. J’ai re connecté avec ce sentiment indescriptible qu’on peu ressentir lorsqu’on se trouve en face d’un coucher de soleil, quand on observe avec révérence un insecte se délecter d’une goutte de rosée au petit matin ou encore l’apaisement instantané que procure une simple marche en forêt. Notre corps sait. Il se rappelle. Nous appartenons.
C’est là que l’éco mysticisme rentre en jeu mais ça, ça sera pour une prochaine fois :)
“To save the world, we must first stop destroying it. Cast your eyes down when you pray, not in fear of some god above, but in recognition: our only hope is in the soil, and in the trees, grasses, and wetlands that are its children and its protectors both.” Lierre Keith




